• Histoire des cloches de Petit-Enghien

     

    Histoire des cloches de Petit-EnghienVers la fin du 18e siècle, l’église de Petit-Enghien avait au moins deux cloches. En 1785, par ordonnance des maire et échevins de Petit-Enghien et Warelles, le collecteur Guillaume Beublez versa à Jean-François Gaudry, à titre de remboursement, la somme de vingt-sept livres et quatre sols que celui-ci avait remise à Pierre Duray de Braine-le-Comte « pour avoir refondu les deux marbriaux de la deuxième cloche et livré dix livres de metailles pendant lannée 1785 » (1)

    A l’époque où Désiré-Prosper Moreau (2) prit possession de la cure de Petit-Enghien, c’est-à-dire en 1854, l’église ne possédait qu’une seule petite cloche. En 1866, l’abbé Moreau en fit ajouter deux autres. Fondues en bronze, elles étaient munies de coussinets et d’anneaux mobiles. La plus grande pesait 947 kilos, la seconde 636. Payées à raison de 3,50 frs le kilo, elles furent mises en place par Léopold Marquebreucq, de Deux-Acren.

    Le 6 septembre 1866, le sieurs Huart, doyen d’Enghien, bénit et baptisa les deux nouvelles cloches « ayant pour témoins MM. Moreau, curé, et Delattre, vicaire d’Enghien ». La plus grande fut appelée Marie-Philippine-Jeanne. Parrain et marraine : Jean-Baptiste Noiffe et Marie-Philippine Spinette. L’autre cloche reçut les prénoms de Marie-Catherine-Jeanne. Parrain et marraine : Jean-Baptiste Decorte et Marie-Catherine Demiddeler. Le 7 juin 1868, le doyen Huart procéda à la bénédiction de l’ancienne petite cloche refondue par Léopold Marquebreucq pour le prix de 350 frs. Témoins : le chanoine Deblander, principal du collège d’Enghien, et le curé Moreau. Parrain : Pierre-Joseph-Désiré Vandercammen (3) ; Marraine : Marie-Philippine Walravens, épouse Vandercammen.

    Durant la dernière guerre, les autorités communales durent fournir aux Allemands divers renseignements sur les cloches de l’église paroissiale : nombre, métal, dimension. L’ennemi ayant exigé la livraison desdites cloches, les ouvriers chargés de les enlever se présentèrent au presbytère le 28 juillet 1943. Le curé Raedts leur dit que la clef qui permettait d’ouvrir la porte donnant accès au clocher se trouvait à la maison communale. Il les engagea à la prudence étant donné certain fait dont la tour avait été le théâtre en 1940 (4).

    Ayant promis au curé qu’ils prendraient toutes les précautions possibles, les ouvriers commencèrent leur besogne vers 13 heures. A 16 heures, les deux cloches Maire-Philippine-Jeanne et Marie-Catherine-Jeanne gisaient sur le sol. Le soir même elles furent conduites à Mons, et peu après en Allemagne (5) où, la guerre finie, on ne put les retrouver.

    Déjà refondue en 1868, la plus petite cloche subit encore le même traitement en 1950 ; son métal fut utilisé pour couler une autre cloche baptisée Augustine-Aline. En 1950 encore, le dimanche 15 octobre, Monseigneur Ch. M. Himmer, évêque de Tournai, procéda à la bénédiction des trois nouvelles cloches.

    Baptisée Charles-Valentine et dédiée au Saint-Sauveur, la première donne le fa et pèse 880 kilos. Parrain et marraine : Mr Charles Isaac, alors bourgmestre, et Mme Isaac. La deuxième – la Marie-Louise -, qui émet le la, est dédiée au Sacré-Cœur ; son poids atteint 543 kilos. Parrain et marraine : Mr et Mme Louis De Rycke. Dédiée à la Sainte-Vierge, la troisième fait entendre le do et pèse 250 kilos ; c’est l’Augustine-Aline déjà mentionnée. Parrain et marraine : Mr Auguste Dekoninck et Mme Veuve Benoit Langhendries, née Aline Nérinckx. Depuis l’hiver 1952 les cloches sont mues par l’énergie électrique.

     

    (1) Archives de la cure de Petit-Enghien : reçu daté du 2 décembre 1785.

    (2) Né à Renaix le 18 octobre 1807, il fut vicaire à Biévène. Nommé curé de Petit-Enghien le 12 octobre 1854, il prit sa retraite en 1880. Il mourut à Petit-Enghien le 12 février 1882.

    (3) Bourgmestre de Petit-Enghien de 1864 à 1869.

    (4) Un soldat allemand qui était monté dans le clocher y avait abandonné « un mystérieux paquet » lequel, d'ailleurs, ne fut jamais retrouvé. A l'époque, l'on parla même d'une bombe !

    (5) Archives de la cure de Petit-Enghien : Registre du « Compte-rendu des délilbérations du Conseil de Fabrique et du Bureau des Marguilliers, Paroisse St. Sauveur à Petit-Enghien, commencé en octobre de l'année 1923 ; Notes concernant les cloches » du 28.7.1943.

     

    Source : Jean Godet (1906-1986) – Jadis à Petit-Enghien ou Prospection dans le passé de ce village – 1967 Bruxelles – pp. 135–137.

     

    Histoire des cloches de Petit-Enghien

     

    Une exposition « Histoire des Cloches » s'est déroulée aux Ecuries du Parc d'Enghien du 23 mars au 10 avril 1994. A cette occasion, Jean Leboucq a écrit l’article suivant afin de rappeler le retour des cloches, leur installation et leur bénédiction à Petit-Enghien le 15 octobre 1950.

     

    Histoire des cloches de Petit-Enghien

     

    Le 28 juillet 1943, après plusieurs démarches auprès des autorités communales, l'occupant décidait de faire descendre du clocher de l’église Saint-sauveur deux cloches respectables : Marie-Philippine-Jeanne (937 kg de bronze) et Marie-Catherine-Jeanne (636 kg). Malgré ses efforts, Monsieur le Curé Raedts resta impuissant pour empêcher le départ des cloches vers l'Allemagne nazie. Elles avaient assuré leur mission depuis 1866. Seule, la plus petite cloche (250 kg), baptisée en 1868, restait en place à Petit-Enghien.

    En 1949, les marguilliers de la paroisse établissaient le cahier des charges des nouvelles cloches, dont la fabrication fut confiée à la fonderie Bauwens-Goossens de Gand. Les tolérances de poids et de qualité étaient rigoureuses. Quant au degré de finition, il n'admettait ni gerçures, ni soufflures ou bavures. Les inscriptions, garanties, transport et montage étaient eux aussi précisés. Le 10 octobre 1950, un courrier de la société gantoise informait M. le Curé Bogaert que les cloches arriveraient à Petit-Enghien le 13 octobre dans l'après-midi. Dès leur arrivée, elles furent suspendues à des trépieds décorés de fleurs et ornés des drapeaux belge et de la paroisse. Sur chacune d'elle on pouvait lire :

    * DIVIN SAUVEUR (avec croix en relief)

    Marie-Philippine était mon nom, Jean-Baptiste était mon parrain, Philippine Spinette était ma marraine, enlevée le 29-07-1943 et remplacée en 1950.

    Mon parrain est Charles Isaac –Bourgmestre
    Ma marraine est Valentine Reynaert son épouse
    Je m'appelle CHARLES-VALENTINE
    Jean Bogaert était curé

    cloche FA 880 kg

     

    * SACRE-COEUR (avec coeur en relief)

    Marie-Catherine était mon nom, Jean-Baptiste Decorte était mon parrain, Jeanne Demiddeler ma marraine, enlevée le 28-07-1943, remplacée en 1950.

    Mon parrain est Louis Derycke - Président de la Fabrique d'Eglise
    Ma marraine est Marie-Léa Delattre son épouse
    Je m'appelle MARIE-LOUISE

    cloche LA 543 kg

     

    * LA VIERGE AVEC L'ENFANT JESUS (corps de l'enfant en relief)

    Augustin Oekoninck est mon parrain - Trésorier Fabrique d'Eglise
    Aline Langhendries-Nerinckx est ma marraine – Bienfaitrice
    Je m'appelle AUGUSTINE - ALINE

    cloche DO 250 kg

    Annus Sanctus M.C.M.L.

     

    C'est en ces termes que Monsieur le Curé Bogaert intitulait son texte de présentation des trois nouvelles cloches, baptisées le 15 octobre 1950 par son Excellence Charles-Marie Himmer, Evêque de Tournai.

    La cérémonie de baptême est un souvenir inoubliable dans la mémoire des Petit-Enghiennois.

    Rappelons les invités de cette journée :

    CLERGE

    Son Excellence Monseigneur Charles-Marie Himmer, Monsieur le Secrétaire l'abbé Hachez, Monsieur le Chanoine Doyen Seuntjens,

    Monsieur l'abbé Arthur Van Nuffel, principal du Collège, le Révérend Père Célestin, Monsieur l'abbé Telperman, Curé d'Hoves, Monsieur l'abbé Colmbyn, Monsieur l'abbé Bogaert, Curé de Petit-Enghien.

    PARRAINS / MARRAINES

    Cités ci-dessus

    CONSEIL DE FABRIQUE

    Monsieur Paul Devleminck et Monsieur Albert Dedoncker

    CONSEIL COMMUNAL

    Madame Demol-Walraevens, Monsieur Raymond Demoortel, Monsieur Léon Vastersaegher, Monsieur Frédéric Michiels, Monsieur Léonard Reygaert et Monsieur Léon Callebaut (secrétaire).

    COMITE SCOLAIRE

    Monsieur Louis Choppinet, Monsieur Joseph Persoons, Monsieur Georges De Taeye, Monsieur Richard Cochez, Monsieur Joseph Mertens.

    DAME DE MISERICORDE ET DE LA LIGUE

    Madame Georges Lebrun, Madame Frédéric Michiels, Madame A. Van Belle, Madame J. Persoons, Madame Norbert Roobaert.

    ECOLES COMMUNALES

    Madame Gaston Reygaert, Monsieur A. Van Belle, Monsieur Gaston Reygaert.

    TRAVAILLEURS CHRETIENS

    Messieurs Gustave Dedoncker, Norbert Roobaert, Arthur Bellemans, Marcel Schoonheyt et Gaston Vanbellingen.

    J.O.C.

    Messieurs Edgard Vandevelde, Jean Bosmans, Alfred Beckmans, Albert Bauwens et Joseph Pletinckx.

    INVITES D'HONNEUR

    Mesdemoiselles Palmyre Lesneucq et Pauline Bogaert, Madame Malvine Hanserat, Mademoiselle H.-Th. Hanserat, Monsieur et Madame Jules Pappart, Monsieur et Madame Firmin Weverbergh, Monsieur et Madame Louis Vanderborgh, Madame Léa Poelaert.

    SACRISTAIN

    Monsieur Omer Vandevelde

    GARDE CHAMPETRES

    Monsieur Victor Willems, Monsieur Georges Ghislain, Monsieur Marcel Vranckx.

    INSTALLATEUR DES CLOCHES

    Monsieur et Madame Castellyn

     

    Depuis quarante-quatre ans, Charles-Valentine, Marie-Louise et Augustine-Aline, exercent leur office en FA-LA-DO, du haut du clocher de Petit-Enghien.

     

    Source : Bulletin du Cercle Royal Archéologique d'Enghien n° 3, 6/94, juin 1994, pp. 46-48.